Synagogue of Carpentras, France
©ROBERT PAUL VAN BEETS

À la découverte du patrimoine juif de Provence

Terre de prédilection des communautés juives du sud de la France pendant les siècles de persécution, la Provence conserve de nombreuses traces de cette histoire. De la cité phocéenne au Comtat Venaissin, témoins architecturaux et marqueurs culturels racontent un passé riche et tumultueux.

 

Éternelle terre d’accueil

L’un des plus grands berceaux de la communauté juive

Rue Breteuil, à Marseille, poussez les portes du Grand Temple, le plus ancien édifice de culte hébraïque de la cité phocéenne. Inaugurée en 1864, cette synagogue de style romano-byzantin fut construite selon les plans de l’architecte Nathan Salomon. Elle est considérée comme l’une des plus belles réalisations religieuses du Second Empire. Puis, prenez le temps de visiter le Mémorial des Déportations, au pied du Fort Saint-Jean. Depuis son inauguration en 1995, à l’occasion du 50ème anniversaire de la libération des camps, il est rattaché au Musée d’Histoire et rend hommage à Marseille, ville-refuge de la zone non occupée. Rejoignez ensuite Trets, autre terre d’accueil provençale majeure des communautés juives. Par la rue Paul-Bert, accédez à l’ancien quartier juif, le carriera judaica. Celui-ci abrite un vestige médiéval mystérieux : une façade emblématique qui semble être celle d’une ancienne synagogue.

Des sites intemporels

Un passé gravé dans les mémoires

À Aix-en-Provence, le Site-Mémorial du Camp des Milles rend hommage à l’histoire douloureuse des communautés juives. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le lieu fut un camp de détention avant la déportation vers les camps d’extermination d’Auschwitz. De nombreux artistes et intellectuels ont été internés au Camp des Milles : Otto Meyerhof, prix Nobel de médecine, ou le pianiste-compositeur Erich Itor Kahn. La transmission et l’éducation sont aujourd’hui au cœur de la vocation du site : on y assiste à des ateliers pédagogiques et des parcours thématiques ouverts à tous. Un programme émouvant pour retracer l’histoire et construire le présent ensemble, en pleine conscience du passé. À une dizaine de kilomètres, poursuivez la découverte du patrimoine juif de Provence à Aix-en-Provence, au centre Darius Milhaud. Participez à une visite, à des projections documentaires ou des ateliers de lecture pour prendre la mesure de cet héritage inestimable.

Vestiges du patrimoine juif

Reconstituer l’histoire au détour des ruelles et musées

Direction Tarascon. Depuis la rue du château vers la rue des Halles, l’empreinte de la présence des peuples juifs au temps médiévaux est très marquée, notamment par la restauration des maisons à façade grise. À la sortie de la ville, une halte près de la chapelle Saint-Gabriel vous dévoile une pierre tombale inscrite en hébreu de 1196. Puis, à Saint-Rémy-de-Provence, le cimetière juif construit au début du XVème siècle préserve encore une soixantaine de tombes qui témoignent de la présence de la communauté juive. Du côté d’Arles, on rejoint la rue Dr Fanton, située dans l’ancien centre médiéval juif, avant de poursuivre l’immersion au Museon Arlaten, lieu de mémoire populaire juive. Le musée départemental de l’Arles Antique abrite, quant à lui, des pierres funéraires sculptées qui représentent Abraham.

Au temps du Comtat Venaissin 

Enclave refuge du Vaucluse sous l’autorité du Pape

À Carpentras se trouve la plus ancienne synagogue de France encore en activité. Édifiée en 1367, elle est aujourd’hui classée Monument Historique. On prend de la hauteur via son majestueux escalier qui mène jusqu’au sanctuaire, où trône la chaise du rabbin… Un temple de la culture juive qui dévoile ses coutumes, comme celle du mikvé, un bain rituel de pureté. Non loin, la synagogue d’Avignon – également classée monument historique – a été reconstruite après un incendie en 1846. On admire sa magnifique rotonde soutenue de colonnes blanches, qui rappelle les temples grecs (pas de visite guidée pour respecter le lieu de prière). Du côté de Cavaillon, la synagogue devenue Musée Juif Comtadin est un écrin précieux pour l’art local. Plusieurs circuits de visites guidées ont été aménagés dans cet édifice à la forme architecturale unique. De l’époque médiévale, seule persiste une tourelle puisque ses deux volumes superposés visibles aujourd’hui datent de sa reconstruction entre 1772 et 1774. On termine avec l’ancienne capitale du Comtat Venaissin, Pernes-les-Fontaines, où la tradition du Mikvé se perpétue dans une grande maison sur la célèbre place de la Juiverie.

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