Yves Klein Mamac Nice Succession Yves Klein Adagp Paris 2023Yves Klein Mamac Nice Succession Yves Klein Adagp Paris 2023
©Yves Klein Mamac Nice Succession Yves Klein Adagp Paris 2023

Yves Klein : sublimer le bleu, saisir les corps et les éléments

Pilier du Nouveau réalisme, le niçois Yves Klein est fasciné par le bleu, indissociable de son œuvre où dialoguent le pigment pur, le corps, l’espace et le feu. Avant-gardiste, adepte du happening, il a profondément marqué l’histoire de l’art récente. Une salle du MAMAC de Nice lui est entièrement dédiée. D’autres de ses œuvres sont exposées au MAC de Marseille et au Musée d’art de Toulon.

Yves Klein et le bleu

Exprimer la « sensibilité pure »

Né à Nice, Yves Klein (1928-1962) n’a cessé de bousculer les codes de son époque. Son nom et son œuvre sont étroitement associés à la couleur bleue qui, selon lui, fait écho à la mer et au ciel et traduit la sensibilité à l’état pur. Quatre ans après le début, en 1956, de sa « Période bleue », il fait breveter le Bleu Klein international, intense et proche du bleu outremer, qu’il utilise pour réaliser des monochromes (peintures d’une seule couleur). Au MAMAC de Nice, une salle unique au monde est entièrement dédiée à Klein. Posé à même le sol, tel un bassin, un monochrome de grand format exerce sur le spectateur une « force d’attraction », selon les termes de l’artiste lui-même. Au MAMAC, le bleu se décline aussi sur des éponges naturelles imprégnées, matériau dont « l’extraordinaire faculté de s’imprégner de quoi que ce soit de fluidique » passionne Klein, et des bustes bleus sculptés. Un autre buste sur fond or, « Portrait-relief de Martial Raysse » (1962), est par ailleurs exposé au Musée d’Art de Toulon.

Yves Klein, l’art de la performance

Les « Anthropométries » et le « Saut dans le vide »

Judoka aguerri, Klein entame en 1960 la série des « Anthropométries », travail sur les mouvements des corps. Lors de performances réalisées en public dans des galeries parisiennes, il donne des instructions à des modèles nus féminins enduits de peinture bleue, « pinceaux vivants » qui impriment leurs empreintes sur la toile. Trois Anthropométries sont exposées au MAMAC de Nice. Une autre, « L’Anthropométrie sans titre (ANT.123) », est visible au MAC de Marseille. Elle révèle quatre traces de torse, qui, explique le MAC, figurent des « silhouettes fantômes, évoquant les sirènes ou encore des images de ces corps que l’explosion de la bombe d’Hiroshima a photographié sur les murs avant de les désintégrer ». Avec ses « Anthropométries », Klein s’impose comme un précurseur de l’art de la performance. Quelques mois plus tôt, il avait déjà marqué les esprits avec le « Saut dans le vide », un photomontage publié en Une du Journal du Dimanche, où on le voit s’élancer dans les airs depuis un toit.

 

Yves Klein, capturer les éléments

Les « Cosmogonies » et les « Peintures de feu »

Fasciné par les éléments – l’eau, la terre, l’air, le feu -, qu’il s’attèle à immortaliser, Klein initie au début des années 60 la série des « Cosmogonies » : lors d’un trajet reliant Paris à Nice, il fixe une toile sur le toit de sa voiture pour y saisir les traces laissées par la pluie et le vent. Les résultats de cette expérience, explique-t-il, constituent autant de « reportages planétaires des manifestations de l’énergie vitale ». Dans le même esprit, Klein réalise à partir de 1961 les « Peintures de feu » – dont certaines sont exposées au MAMAC – réalisées avec un lance-flammes et où il fige les traces du feu sur le support. Le MAMAC abrite également des dessins de l’artiste sur le thème de la ville du futur. Ce sont les ultimes créations de Klein, qui succombe peu après à une crise cardiaque. Il avait 34 ans.

Fermer