Musée National Fernand Léger BiotMusée National Fernand Léger Biot
©Musée National Fernand Léger Biot|Photo François FERNANDEZ

Fernand Léger : casser les codes

À Biot, le Musée national Fernand Léger, qui abrite la plus grande collection d’œuvres de l’artiste – peintures, sculptures, mosaïques et céramiques – révèle la puissance créatrice d’un avant-gardiste de l’art moderne. Passionné par la civilisation industrielle, c’est dans la vie quotidienne qu’il a trouvé sa plus grande source d’inspiration.

Fernand Léger

De la terre à l’art

C’est l’histoire d’un fils d’agriculteur normand devenu un grand nom de l’art moderne. Peintre, créateur de vitraux, décorateur, céramiste, sculpteur, illustrateur… Fernand Léger (1881-1955) découvre l’effervescence artistique parisienne à l’âge de 19 ans. Les travaux cubistes de Picasso, de Braque et surtout de Cézanne, qui entend « traiter la nature par le cylindre, la sphère, le cône », le fascinent. Bientôt, il prend ses quartiers à « La Ruche », cité d’artistes où il se lie avec Marc Chagall ou Blaise Cendrars. Ces années sont déterminantes dans la constitution de son identité artistique. Nourri par le cubisme, dont il repousse les limites, Léger forge un style inimitable, reconnaissable à ses contrastes de formes et de couleurs.

Le Musée national Fernand Léger

Reflet d’un artiste aux mille facettes

Artiste multiple, Fernand Léger n’entend pas se cantonner à la peinture. Pour lui, l’art passe par des techniques diverses. Ainsi, il se lance avec talent dans la création de mosaïques (église d’Assy, 1946), de vitraux (église d’Audincourt, 1951 ; université de Caracas, 1954), de décors, de costumes ou de sculptures polychromes en céramique. Quelques mois avant sa mort, en 1955, l’artiste acquiert le mas Saint-André, au pied du village de Biot. C’est là que le Musée national Fernand Léger voit le jour cinq ans plus tard, à l’initiative de sa veuve Nadia. Conçu par l’architecte Andreï Svetchine, il abrite la plus grande collection de ses œuvres – peintures, sculptures, mosaïques et céramiques, témoins de la diversité de son univers artistique.

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Civilisation industrielle et modernité

Au fil des allées du Musée Fernand Léger, on saisit l’ampleur de la fascination de l’artiste pour la civilisation industrielle, l’un de ses thèmes de prédilection. Pendant la Première Guerre Mondiale, sur le front, « Je fus ébloui par une culasse de 75 ouverte en plein soleil, magie de la lumière sur le métal blanc […] »), raconte-t-il. Passionné par la représentation d’un monde mécanique, il explore les univers de la beauté plastique de la ville, de la machine et de l’industrie. Œuvre icône du musée, « La Joconde aux Clés » (1930) s’inscrit, elle, dans une volonté profonde de bouleverser les codes et de repenser la peinture à l’aune de la modernité. Il explique : « J’avais fait sur une toile un trousseau de clés. …Il me fallait quelque chose d’absolument contraire aux clés…qu’est-ce que je vois dans une vitrine ? Une carte postale de la Joconde ! ». Ou comment mettre sur le même plan un simple objet du quotidien et l’œuvre la plus connue au monde…

Approcher le peuple

« Les Constructeurs »

Autre constante de l’œuvre de Fernand Léger : son empreinte sociale. À son retour des Etats-Unis, en 1945, il adhère au Parti communiste. Il en devient, avec Picasso, l’une des vedettes de l’époque. Sa réflexion sur la manière dont l’artiste moderne peut approcher le peuple se matérialise en partie dans la série des « Constructeurs » (1950), dont le Musée Fernand Léger possède la version la plus aboutie. À l’époque, Léger décide d’exposer son œuvre dans la cantine des usines Renault. Voici le récit qu’il fait de cette expérience :« À midi, les gars sont arrivés. (…) Il y en avait qui ricanaient(…). Moi, je les écoutais et j’avalais tristement ma soupe. Huit jours plus tard (…), l’atmosphère avait changé. Les gars ne riaient plus, ils ne s’occupaient plus des tableaux. Pourtant pas mal d’entre eux (…) levaient les yeux, regardaient un instant mes toiles, puis se plongeaient à nouveau dans leur assiette. (…) Et quand j’étais pour partir, voilà un gars qui me dit « Vous allez voir (…) quand on aura enlevé vos toiles, quand ils auront le mur tout nu devant, ils vont s’apercevoir ce que c’est vos couleurs ! »

Picasso et la Côte d’Azur

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