Comment est né votre projet de cuisine Libre® ?
J’ai grandi dans la cuisine de La Fenière, l’auberge familiale nichée dans le Luberon. C’est dans ce restaurant étoilé que ma famille goûtait et cuisinait le Sud avec amour et générosité. La table était le lieu où l’on se retrouvait pour échanger, partager. Mais pour moi, intolérante au gluten et malade cœliaque, la table était source d’exclusion. D’année en année, mon état s’est détérioré. Jusqu’à ce jour de 2009 où tout s’est arrêté. J’ai passé deux ans clouée au lit. Alors j’ai décidé d’étudier à fond mon problème. L’alimentation était la cause de mon mal, elle devait devenir une solution. Pas seulement pour moi, mais pour tous, pour que la table ne soit jamais synonyme d’exclusion.
Progressivement, j’ai mêlé la cuisine de ma mère et de ma grand-mère à la mienne, jusqu’à la création de cette première table sans allergènes, où chacun peut librement s’asseoir. La cuisine est pensée exclusivement à base de produits locaux, en intelligence et en complicité avec les éleveurs et producteurs du Luberon, et plus largement de Provence. Pour exclure tout allergène, il fallait réaliser ce travail, faire naître cette confiance. Aujourd’hui, l’Auberge de La Fenière a son propre moulin. Elle est une maison mère qui abrite une école de cuisine, une épicerie de farines et de pâtisseries sans gluten et sans lactose : Kom&Sal. J’ai réussi à transformer mon handicap en « vecteur de bonheur ».
« Nadia ne se contente pas de bien cuisiner. Elle réfléchit tout un repas à partir d’une digestibilité parfaite, qui nourrit le corps et l’esprit, efface la fatigue, amène le calme intérieur. Elle pratique une cuisine vivante, ancrée dans un territoire vivant, avec des ingrédients et des vins vivants… Le monde de demain plante quelques solides racines ici, libres, naturelles, naturellement libres. Et essaimables. », dit d’elle Paule Masson, journaliste spécialisée dans l’alimentation durable.