Des arènes incroyablement conservées
L’amphithéâtre d’Arles voit le jour à la suite de l’urbanisation de la ville d’Arles ordonnée par Tibère César Auguste pendant une longue période de prospérité. Les ingénieurs chargés de la construction s’inspirent du Colisée de Rome qui vient juste d’être terminé pour imaginer les arènes. Elles resteront plus grandes que celles de Nîmes, qui seront édifiées peu après, et mieux conservées. Le monument colossal, mesurant 136 mètres de long sur 107 mètres de large et 21 mètres de haut, est érigé sur le flanc nord de l’Hauture, la colline d’Arles. Il sera inauguré en 80 après Jésus-Christ.
Cet amphithéâtre romain en forme elliptique compte 60 arcades en plein cintre. Celles du rez-de-chaussée sont de style dorique, c’est-à-dire dépouillé, tandis que celles du premier étage sont de style corinthien et arborent des chapiteaux décorés de feuilles d’acanthe. Sous le plancher en bois couvert de sable qui formait la piste, un incroyable système de trappes et de monte-charges était aménagé afin de changer les décors de l’arène et de créer des effets scéniques.
Les gradins de l’amphithéâtre pouvaient accueillir jusqu’à 20 000 personnes qui étaient installées sur les 33 rangées en fonction de leur appartenance sociale. Grâce à un réseau de portes, de galeries et d’escalier, le flux de spectateurs restait organisé. La population, comprenant patriciens et plébéiens, venait assister à de nombreux combats, chasses et spectacles afin de se distraire. Ceux-ci étaient parfois ordonnés afin de célébrer une victoire ou la naissance d’un héritier jusqu’en 550 après Jésus-Christ.
Au Moyen Âge, le monument sert d’habitation et de refuge au peuple pendant les périodes troublées. L’amphithéâtre antique est transformé en véritable ville close et fortifiée avec 212 maisons, des rues, des places et même des églises. Les murs de l’amphithéâtre sont utilisés comme des remparts défensifs lors des sièges menés par les barbares. La défense de cette ville est renforcée par la construction de quatre tours surmontant les entrées de l’arène. L’expropriation des habitants débutera au XVIIIème siècle. Cependant, il faudra attendre le XIXème siècle pour que les arènes soient entièrement dégagées.
En 1830, afin de célébrer la prise d’Alger, un spectacle taurin est donné. L’amphithéâtre prend alors son appellation actuelle d’Arènes. En 1840, les dernières maisons accolées au monument sont détruites. La même année, grâce à Prosper Mérimée, les arènes sont classées aux Monuments historiques, puis en 1841, inscrites au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Deux millénaires plus tard, l’amphithéâtre romain est toujours debout, même si l’attique qui couronnait les deux étages a disparu. Au sud-ouest, l’escalier donnant sur la ville témoigne de l’ancienne entrée principale de l’amphithéâtre. Le monument a récemment fait l’objet d’importants travaux de restauration. Achevés en 2013, ceux-ci ont duré 10 ans et coûté 25 millions d’euros. C’est le plus grand monument romain de France.