Si vous passez par Tarascon, vous devriez y faire sa rencontre. D’après le mythe, ce monstre hybride qui vivait sur les berges du Rhône hantait les marécages autour de Tarascon et terrorisait les villageois en détruisant tout sur son passage. Depuis 2005, la fête de la Tarasque a été proclamée par l’UNESCO comme appartenant au patrimoine oral et immatériel de l’humanité.
La Tarasque
La victoire de Sainte-Marthe
D’après les légendes provençales, la Tarasque est un animal fabuleux, subtil mélange entre un dragon, un crocodile et un serpent. Recouverte d’écailles et mesurant 15 mètres de haut et 20 mètres de long, cette créature mythologique aux yeux rouges vivait sur les berges du Rhône et semait la terreur dans tout le village provençal en dévorant animaux et habitants.
Un jour, Sainte Marthe – une jeune fille originaire de Béthanie et sœur de Marie Madeleine – décide d’affronter la bête. Grâce à sa foi envers le Christ, elle réussit à soumettre la créature qui se laisse promener en laisse. Venue initialement pour évangéliser la région, Marthe domine la Tarasque grâce à sa ceinture et la conduit devant la foule qui la met à mort. Depuis cet événement, Marthe est devenue la patronne de la ville.
La légende sous-entend que Tarascon doit son nom à cette créature horrifique. Chaque année, lors de la Pentecôte et de la Sainte-Marthe, un mannequin représentant la Tarasque est promené en procession à Tarascon pour se souvenir du triomphe de la jeune religieuse face à la terrible bête.
La tradition provençale du Roi René
La légende de la Tarasque donne lieu à des festivités à l’initiative du Roi René d’Anjou en 1469. En effet, au XVe siècle, le roi René d’Anjou hérite du royaume de la Provence et s’y installe. Il organise alors des festivités le second dimanche après la Pentecôte et le 9 juillet – jour de la Sainte Marthe – patronne de Tarascon. Le 14 avril 1474, le roi René décide de créer l’ordre des Tarascaires – aussi appelé l’ordre des chevaliers de la Tarasque – à qui il lègue la présidence des festivités. Il souhaite de cette façon faire perdurer les réjouissances qui doivent être célébrées au moins 7 fois par siècle, pendant 50 jours, avec un banquet à volonté et beaucoup de tintamarre. Un accueil chaleureux doit aussi être prévu pour les étrangers. Pour les riverains du Rhône, l’objectif de ces festivités est d’exorciser le mal afin d’éviter les débordements intempestifs du fleuve.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, ces fêtes étaient composées de jeux et d’une procession dirigés par les différentes associations de métiers (vignerons, bergers, jardiniers…). La présence de ces corporations était très symbolique : elles représentaient la renaissance fertile lors des fêtes de Pentecôte. La forme telle qu’on la connaît de la Tarasque est attribuée au roi René : monstre à tête de lion, carapace de torture, armée de dards et de crocs, queue de reptile et ventre de poisson. Les festivités promues par le roi René ont engendré un engouement populaire d’une grande ferveur malgré le danger. En effet, les Tarascaires – qui animaient la bête de l’intérieur pour faire balancer sa queue – pouvaient blesser la foule présente.
La fête de la Tarasque, patrimoine culturel immatériel de France
Au cours du XIXe siècle, les festivités liées à la Tarasque ont pris de l’ampleur et se sont imposées comme un événement majeur de l’ethnographie provençale. Les fêtes de la Tarasque – telles qu’elles sont connues aujourd’hui – datent d’après la Seconde Guerre mondiale, plus précisément depuis 1946. Elles ont lieu à Tarascon (Bouches-du-Rhône) chaque dernier week-end de juin.
Le principal changement des fêtes est l’introduction du personnage de Tartarin de Tarascon faisant référence à l’ouvrage d’Alphonse Daudet. En 2005, l’UNESCO a proclamé les fêtes de la Tarasque à Tarascon comme faisant partie du patrimoine oral et immatériel de l’humanité. Cet événement est aussi inscrit parmi l’ensemble des géants et dragons processionnels de Belgique et de France. Depuis 2019, la Tarasque de Tarascon a également été inscrite à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.
Sur les traces de la Tarasque
Au départ d’Avignon, il vous faudra environ une demi-heure pour rejoindre Tarascon. Vous pouvez emprunter la route D2 pendant 10 km et prendre ensuite la troisième sortie au rond-point pour continuer sur la D402 en direction de Vallabrègues/Barbentane/Boulbon/La Roque d’Acier. Vous rejoignez ensuite la D35 qui vous permettra d’atteindre votre destination.
Au départ de Marseille, comptez une heure et demie pour arriver à Tarascon. Prenez l’autoroute A55, A7 et A54 en direction de Saint-Martin-de-Crau jusqu’à la sortie 12 et quittez l’A54. Suivez ensuite les D27, D78D, D17, D33A et D970 en direction de la Rue des Halles à Tarascon.