Circuit : la Provence historique
Un voyage à travers les âgesTout commence 40 000 ans avant notre ère, au Paléolithique supérieur, qui marque l’arrivée des premiers homo sapiens en Europe. C’est à cette époque que débute la fréquentation de la grotte Cosquer, située à Cassis, l’un des plus anciens témoins de l’art pariétal européen. Préservée pendant des millénaires, submergée par les eaux, la grotte est redécouverte en 1985 par Henri Cosquer. À Marseille, face au Mucem, la restitution de ce patrimoine préhistorique inestimable vous raconte cette histoire. Après avoir emprunté l’ascenseur, simulation d’un caisson de plongée, vous prenez place à bord d’un module d’exploration, pour un incroyable voyage dans le temps. Celui-ci se poursuit dans le quartier tout proche du Panier. Vers 600 av. J.-C., des Grecs d’Asie Mineure, actuelle Turquie, quittent Phocée et fondent Marseille dans la calanque du Lacydon, précisément là où vous vous trouvez. Après 5 siècles de culture grecque, Marseille, conquise par César, devient romaine au Ier siècle avant JC. Près du Vieux-Port, deux musées relatent cette période : le Musée des Docks romains, vaste entrepôt portuaire où étaient autrefois stockées d’immenses jarres de vin, témoins de la puissance maritime de la ville. Et le Musée d’Histoire de Marseille et son jardin des vestiges, qui retrace les 26 siècles d’histoire de la cité phocéenne. Il est déjà temps de lever le voile sur l’art chrétien des IV et Ve siècle, en visitant l’abbaye Saint-Victor, fondée par Jean Cassien en 415. Au départ carrière à ciel ouvert utilisée comme nécropole, elle se situait bien en dehors de la ville. Par endroits, l’accumulation de sarcophages atteint jusqu’à 7 niveaux !
Les bonnes adresses à Marseille
Réveil en 1516. François Ier, roi de France depuis un an, décide de la construction du Château d’If, sur un récif au large de Marseille. Son objectif : protéger la ville, alors plus grand port méditerranéen ouvert sur l’Orient. La stratégie fonctionne puisqu’en 1536, Charles Quint, roi d’Espagne et meilleur ennemi du roi de France, renonce à attaquer la cité phocéenne par la mer. Prenez place à bord de la navette maritime et mettez le cap sur les îles du Frioul pour explorer l’histoire du Château d’If. Devenu plus tard prison d’exception, où furent placés protestants et prisonniers allemands lors de la Première Guerre mondiale, il est aussi connu pour avoir figuré dans Le comte de Monte-Cristo, du romancier historique à succès Alexandre Dumas, qui en fait la prison fictive d’Edmond Dantès. Retour sur la terre ferme. Et place à une épisode crucial de l’histoire économique de Marseille : l’âge d’or des manufactures, et notamment des savonneries. De nos jours, trois d’entre elles fabriquent encore le savon de Marseille de façon traditionnelle, selon l’édit de Colbert : Fer à cheval, La Corvette-Savonnerie du Midi (qui abrite aussi un musée) et Le Sérail. Poussez leurs portes pour découvrir leurs secrets de fabrication. La journée s’achève par une visite au musée des Beaux-Arts de Marseille. Vous y verrez entre autres des toiles de Michel Serre, témoin direct de la grande peste de 1720, épisode dramatique de l’histoire de la Provence.
Se rendre au château d’If : navette maritime
Se rendre chez Fer à cheval : à Canebière Bourse, bus 32 direction Saint-Jérome IUT (1,70/ 3,40 AR)
Se rendre chez La Corvette : au métro Gèze, bus 30 direction La Savine
Se rendre chez Le Sérail : au métro Malpassé, bus 38 direction métro Gèze
Les bonnes adresses à Marseille
Troisième jour, troisième voyage à travers la Provence historique. Il vous mène dans un premier temps à Saint-Chamas, village de charme dans un paysage préservé de l’étang de Berre. À 20 minutes à pied de la gare, le Pont Flavien, classé monument historique et composé de deux arches, enjambe la Touloubre. Bâti au Ier. siècle avant JC, à l’époque de l’empereur Auguste, il constitue un superbe témoignage de l’ère romaine. De retour dans le centre de Saint-Chamas, admirez la porte du fort, dernier vestige du mur d’enceinte de la vieille-ville, daté du XVe siècle. Et les habitats troglodytes donnant sur le port : anciennes grottes creusées au XVIIe siècle pour permettre l’entrepôt de marchandises, elles sont devenues – bien plus tard ! – des appartements. Dernière étape : le pont de l’horloge, édifié en 1868, d’où l’on profite du plus beau panorama qui soit sur la ville. L’Office de tourisme a élaboré des circuits pédestres qui vous guideront dans la découverte de Saint-Chamas. Tout proche, le village médiéval authentique de Miramas-le-Vieux vous propose une jolie balade sur le thème de la Provence au Moyen-Age, avec ses ruelles bordées de maisons aux pierres apparentes et son lavoir. Située dans l’actuel cimetière, la chapelle Saint-Julien, joyau de l’art roman et plus ancien bâtiment de la cité, probablement édifié à l’emplacement d’un temple païen au début du XIIe siècle. Autre point d’intérêt : l’église Notre-Dame de Beauvezer, au centre de la cité fortifiée. Vraisemblablement construite au XVe siècle, elle aurait possédé des reliques de l’empereur Constantin et de Sainte-Hélène. Le plus : la vue à 360° sur les Alpilles, le Mont Ventoux et l’étang de Berre.
Se rendre à Saint-Chamas depuis Marseille Saint-Charles : TER (ligne 7A)
Se rendre à Miramas-Le-Vieux depuis Saint-Chamas : TER (ligne 7A)
Se rendre à Miramas-le-Vieux : à la gare de Miramas, prendre bus L6 (réseau Libébus) direction Salon-de-Provence ou le bus 11 (réseau Ulysse)
Les bonnes adresses à Saint-Chamas et Miramas-le-Vieux
Avançons désormais dans le temps pour (re)visiter la Provence historique éternelle de Marcel Pagnol, celle du début du XXe siècle. « Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers », écrivait-il en préambule de La Gloire de mon père, premier volet de ses Souvenirs d’enfance. Dans le centre-ville d’Aubagne, nous vous invitons à visiter sa maison natale : l’appartement de la famille Pagnol, avec son mobilier et ses objets d’époque, y a été entièrement reconstitué. À quelques minutes de marche, Le Petit monde de Marcel Pagnol et ses 200 santons, qui recréent avec talent l’univers de l’écrivain. Le reste de la journée sera plutôt sportif, avec une randonnée (circuit 9 km, difficulté moyenne) sur les lieux qui ont marqué l’œuvre de Marcel Pagnol, et notamment ses Souvenirs d’enfance. Au départ de la Font de Mai, suivez le sentier qui vous mène jusqu’aux ruines de la ferme d’Angèle au pied des barres de Saint-Esprit. Puis traversez le vallon de Passe-Temps jusqu’à la Bastide Neuve, avant de descendre le chemin des Bellons pour atteindre la Treille. Ici se trouvent la fontaine de Manon, le restaurant le Cigalon, et le cimetière où repose Marcel Pagnol.
Se rendre à Aubagne depuis Miramas : TER (ligne 7A) jusqu’à Marseille Saint-Charles puis autre TER (ligne 01) jusqu’à Aubagne
Se rendre à la Font de Mai : à la gare d’Aubagne, prendre le bus (réseau Les lignes de l’agglo ligne 14) direction Eoures (pas de bus le dimanche)
Retourner à la gare d’Aubagne depuis La treille : prendre le bus réseau Les lignes de l’agglo ligne 10) direction gare d’Aubagne (pas de bus le dimanche)
Les bonnes adresses à Aubagne
En ce cinquième matin de votre voyage en Provence à travers les âges, vous voilà propulsé dans l’histoire moderne d’Aix-en-Provence. Commencez par arpenter le Cours Mirabeau, cœur battant de la ville, tracé au XVIIe siècle sur les lieux des anciens remparts. Capitale des comtes de Provence, puis cité du « Bon Roy René » qui y fait rayonner les arts et les lettres, Aix-en-Provence incarne déjà, à cette époque, l’art de vivre provençal. Soucieuse de son image et souhaitant revendiquer son rang, la noblesse aixoise fait ériger des dizaines d’hôtels particuliers dans la ville. On en compte aujourd’hui 200, classiques ou baroques. Après la visite du quartier Mazarin et du somptueux Hôtel de Caumont, édifié en 1715 et devenu centre d’art, la visite d’Aix-en-provence se poursuit à l’église de la Madeleine, place des Trois Ormeaux, puis vers la cathédrale Saint-Sauveur et la place d’Albertas. L’après-midi est consacré à la visite du Site-Mémorial du Camp des Milles. Ouvert en septembre 1939 dans une ancienne tuilerie, il est d’abord un lieu d’internement des ressortissants du Reich, auxquels s’ajoutent, de 1940 à 1942, les personnes jugées « indésirables ». Enfin, en août et septembre 1942, il devient un camp de déportation des Juifs. Une visite en trois volets, historique, mémoriel et réflexif, permet d’appréhender cet épisode historique sombre.
Se rendre au centre historique d’Aix depuis Aubagne : TER (ligne 01) jusqu’à Marseille Saint-Charles puis autre TER (ligne 12)
Se rendre au Camp des Milles depuis le centre historique d’Aubagne : bus (réseau Aix-en-Bus) ligne 04
Les bonnes adresses à Aix-en-Provence
Le saviez-vous ? C’est à La Ciotat que fut tourné par Louis Lumière l’un des premiers films de l’histoire du cinéma : « L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat ». La première séance payante de l’histoire du cinéma a, quant à elle, lieu en 1899, toujours à La Ciotat. Plus précisément à L’Eden Théâtre, plus vieux cinéma du monde et toujours ouvert au public. Demandez le programme et prenez place ! C’est aussi à La Ciotat que la pétanque fût inventée, en 1910. Marchez jusqu’au boulodrome Jules Lenoir, et imaginez la scène : ancienne star de la longue, l’ancêtre de la pétanque, Lenoir, perclus d’arthrite, ne peut plus ni courir ni sauter. Il joue donc les pieds joints, « les pieds tanqués », comme on dit en provençal. C’est le moment où jamais de se laisser tenter par une petite partie, là où tout a commencé. La ville, décidément aux multiples facettes, abrite aussi ce qui fut l’un des plus grands chantiers navals de France, entre 1849 et 1989. Il se développe considérablement lors de l’arrivée de nouvelles matière et énergie au début du XIXe, l’acier et la vapeur. Aujourd’hui, La Ciotat Shypyards se consacre à l’entretien des yachts de luxe. La Maison de la Construction Navale veille sur la mémoire de cette grande aventure industrielle et propose gratuitement expositions et visite des chantiers (attention, réservation 1 mois à l’avance).
Se rendre à La Ciotat depuis Aix : Bus L050 jusqu’à Marseille Saint-Charles (7 euros), puis métro 1 direction Castellane (1,70) puis bus 79 (le car) jusqu’à l’Office de tourisme de La Ciotat (5,50)
Les bonnes adresses à La Ciotat
Ce circuit à travers l’histoire provençale se termine en beauté dans le charmant petit port de Cassis, aux portes du Parc national des calanques. Pour la petite histoire, l’écrivain Frédéric Mistral tomba en 1861 sous le charme du village, qui lui inspire alors le poème Calendal, véritable déclaration d’amour à la Provence. Dans les années 1920, la femme de lettres britannique Virginia Woolf est elle aussi littéralement séduite par Cassis, qu’elle décrit comme un « petit paradis ». Première étape de la journée : le musée municipal méditerranéen d’Arts et Traditions populaires, qui a pris ses quartiers dans un ancien presbytère du XVIIIe siècle. Dans les collections permanentes se trouvent de nombreuses pièces archéologiques, dont poteries, amphores, bijoux et monnaies de l’époque ligures au Moyen-Age, toutes retrouvées lors de fouilles dans la ville. Témoignages d’un passé moins lointain, des objets ethnographiques de traditions populaires sont également exposés. Costumes provençaux traditionnels et outils de pêche lèvent le voile sur les modes de vie locaux. Deuxième étape de la journée : la visite du four banal, four à bois autrefois mis à disposition des locaux par le seigneur des lieux contre une redevance. Celui de Cassis est extrêmement bien conservé. Étape finale : une balade dans les calanques, intemporelles et éternelles !
Se rendre à Cassis depuis La Ciotat : Ciotabus (ligne 40 ou 10) jusqu’à la gare de La Ciotat-Ceyreste puis TER (ligne 01)
Les bonnes adresses à Cassis