Quand la reine Elisabeth II visitait la Provence
Nous sommes le 17 mai 1972. Après une visite officielle à Paris, la reine d’Angleterre atterrit à Nîmes pour une escale en Provence qui va durer 24 heures. Il est 11h15. Sur le tarmac, Elisabeth II est accueillie par trois arlésiennes en costumes traditionnels. Car c’est à Arles, capitale de la Camargue, que la souveraine entame son périple en Provence. Là voilà qui traverse une haie d’honneur constituée de gardians – ces cavaliers qui mènent les troupeaux de taureaux -, pour rejoindre les Arènes d’Arles, symbole de l’ancienne cité romaine. Elisabeth II arpente ce majestueux amphithéâtre classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, où s’affrontaient autrefois les gladiateurs. A Arles, les visites de monuments s’enchainent : le Théâtre antique, puis le cloître Saint-Trophime (dont la reine a beaucoup apprécié le portail), également classés à l’UNESCO. Un bain de foule plus tard, il est déjà temps de partir : cap sur Fontvieille.
C’est l’heure du déjeuner. Après un trajet en cabriolet – n’est pas la reine d’Angleterre qui veut ! -, Elisabeth II arrive à Fontvieille, dans les Alpilles. La ville est connue pour son moulin, qui a inspiré l’écrivain provençal Alphonse Daudet. On retrouve la reine d’Angleterre attablée au restaurant « La Regalido », une institution locale. Sa majesté sirote un gin tonic, avant de goûter aux délices de la gastronomie provençale : brouillade aux truffes, grenadin de veau aux morilles, fromage de chèvre et fraises. Le tout arrosé de bon vin des Côteaux des Baux-de-Provence. Elisabeth II n’a pas le temps d’une balade digestive jusqu’au moulin de Fontvieille : elle est attendue en Avignon. Cap sur la Cité des Papes !
En début d’après-midi, la reine d’Angleterre arrive en Avignon. Après un bref passage place de l’Horloge, célèbre pour ses restaurants et terrasses de cafés, elle pousse les portes du Palais des Papes. La visite est brève : un petit quart d’heure seulement. Cela n’empêche pas Elisabeth II d’apprécier à sa juste valeur le plus important palais gothique d’Occident. Edifié au XIVe siècle, il est l’oeuvre des deux papes bâtisseurs Benoît XII et Clément VI. Ce jour-là, la reine d’Angleterre découvre aussi l’impressionnant spectacle des abords du Palais des Papes : le Rhône, le rocher des Doms, le pont Saint-Bénezet (le fameux « pont d’Avignon ») et les remparts. Une pépite de la Provence également classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. De quoi impressionner la reine.
C’est l’heure du thé, rituel quotidien incontournable de sa majesté. Pour ce « tea time » aux notes provençales, Elisabeth II jette son dévolu sur le château de Lagoy, à Saint-Rémy-de-Provence. Erigé au XVIIIe siècle, ce château, classé monument historique, surplombe un domaine viticole renommé. Mais pour la reine, pas le temps de goûter de nouveau aux bons vins de Provence, ni de visiter le monastère Saint-Paul-de-Mausole, où vécut Vincent Van Gogh : Elisabeth II est attendue aux Baux-de-Provence pour un « dîner intime » (en compagnie d’une trentaine de convives tout de même…)
Le rendez-vous a été donné à 20h30 à l’Oustau de Baumanière, l’une des meilleures tables de Provence, aujourd’hui restaurant trois étoiles. Elisabeth II savoure un loup farci en croûte au pistou, un gigot d’agneau des Alpilles au poivre vert garni de petits pois, un gratin de haricots verts et un sorbet au citron accompagné de framboises à la crème et de mille-feuilles. Avant de se retirer, la reine admire de loin le château médiéval des Baux-de-Provence, perché sur son éperon de roche. Le lendemain matin, la reine d’Angleterre s’accorde une balade dans les ruelles pentues et authentiques du village. Un dernier instant sous le soleil de Provence. Il est déjà temps de regagner la grisaille londonienne.