L’histoire de l’abbaye
La nécropole est à l’origine de l’abbaye. Autrefois, les moines enterraient les morts dans ce cimetière, dont les tombes étaient creusées à même le roc, puis refermées à l’aide d’un couvercle en pierre et recouvertes de terre. Les familles leur demandaient de célébrer des messes privées.
Les moines bénédictins édifient au Xème siècle l’Ermitage Saint-Pierre, c’est le premier monument de l’abbaye. Cette chapelle semi-troglodyte, unique en Provence, a été conservée dans son ensemble. Pour y entrer, vous devrez passer par une porte taillée dans le mur de l’enceinte. Elle est gardée par Saint-Pierre tenant la clé du paradis.
L’église abbatiale prend ensuite place sur le rocher du Mont Majour. Dans la crypte troglodyte de l’abbaye, les moines conservent précieusement une relique de la vraie croix. De nombreux fidèles sont attirés par cet objet de culte : c’est la naissance du pèlerinage du Pardon.
Au XIIème siècle, la chapelle reliquaire Sainte-Croix est édifiée à l’extérieur de l’abbaye afin d’y accueillir les pèlerins et de les laisser se recueillir devant la relique, exposée tous les 3 mai. Le reste de l’année, elle est conservée dans la salle du Trésor. C’est à cette époque que la construction du cloître débute. Cette partie de l’abbaye est le cœur spirituel et humain du monastère. Il rappelle l’architecture cistercienne, même si ses chapiteaux et ses consoles sont sculptés. Ces fabuleuses sculptures rappellent tout le monde imaginaire de l’époque médiévale avec ses monstres, ses animaux fantastiques et ses tarasques (un animal du folklore provençal). Ainsi, les moines étaient confrontés au mal même à l’intérieur du monastère. Depuis les arcatures, on découvre l’ancienne citerne qui permettait de récolter les eaux de pluie des toitures.
Au XIVème siècle, la guerre de Cent Ans fait rage et l’insécurité règne en Provence. On construit la tour de Pons de l’Orme et on érige des remparts afin de protéger l’abbaye des Grandes Compagnies multipliant exactions et pillages. Depuis le haut de la Tour, on bénéficie d’un point de vue qui s’étend d’Arles aux Alpilles en passant par Tarascon et la plaine de La Crau.
Au XVIIème siècle, l’arrivée des mauristes, qui prônent une vie monastique plus pieuse, entraîne la construction du monastère de Saint-Maur. Il s’ordonnait autrefois sur cinq niveaux et était décoré en toute simplicité, le but de l’architecture classique étant d’allier monumentalité et fonctionnalité.
À la révolution, le monastère est mis en vente comme bien national. Ces acquéreurs feront enlever la toiture et sa charpente et le monument sera fortement dégradé. Le monastère servira notamment de carrière de pierre avant qu’il ne soit classé Monument historique en 1921.
En 1945, l’État devient propriétaire de cette abbaye classée Monument historique depuis 1840. Aujourd’hui, ce lieu exceptionnel fait partie du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
De 1888 à 1889, Vincent Van Gogh s’inspira de l’abbaye de Montmajour pour effectuer de nombreux dessins. On citera notamment l’une de ses toiles « Coucher de soleil à Montmajour » témoignant la beauté des paysages que l’on peut admirer depuis l’abbaye. Aujourd’hui, elle accueille des expositions temporaires et participe aux rencontres de la photographie d’Arles durant lesquelles elle met à l’honneur de nombreux artistes.