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©C.Chillio

Picasso en Provence & Côte d’Azur

Force et beauté des paysages, intensité de la lumière, éclat des couleurs… La Provence et la Côte d’Azur ont été sources d’inspiration et parfois des étapes déterminantes dans la vie et l’œuvre de nombreux artistes.

 

Sur les pas de Picasso

Un itinéraire culturel et touristique

Attiré par ces terres du Sud, Picasso y trouve un lieu de séjour et de créativité à sa mesure. Amour, amitié, art jalonnent son parcours. C’est sur la Côte d’Azur à Mougins qu’il s’éteint en 1973 et en Provence au château de Vauvenargues qu’il repose aujourd’hui aux côtés de son épouse Jacqueline. Un site qu’il avait choisi comme lieu de résidence, idéalement situé face à la montagne Sainte-Victoire, motif favori de son maître Cézanne.

Avignon – 1914

Picasso découvre la Provence, il passe un été à Sorgues en 1912 en compagnie de Braque, puis à Avignon en 1914. Ces séjours représentent une période d’intense création pour l’artiste. Étape historique incontournable en Provence, l’ancienne cité des Papes est appréciée pour son effervescence artistique. Élue Capitale européenne de la culture en 2000, elle est riche d’un patrimoine historique et muséal. Le musée Angladon présente des dessins de Picasso dans sa collection de chefs d’œuvre des XVIIIe, XIXe et XXe siècles.

Ménerbes – 1946

L’artiste fait l’acquisition d’une somptueuse bâtisse à Ménerbes au cœur du Luberon qu’il offre en cadeau de rupture à la photographe Dora Maar (propriété privée). En 1946, il y séjourne en compagnie de Françoise Gilot, sa compagne. Classé aujourd’hui parmi les “Plus beaux villages de France”, Ménerbes est bâti autour d’un éperon rocheux entouré de paysages emblématiques de la Provence. L’auteur Peter Mayle qui y séjourna contribua à la notoriété du site dans ses ouvrages.

Les Baux-de-Provence – 1959

Une des perles de Provence, le village des Baux-de-Provence figure au palmarès des ”Plus beaux Villages de France”. Situé au cœur des Alpilles, il est un haut-lieu touristique et conserve de nombreux vestiges de son passé moyenâgeux.
L’immense carrière des Baux qui abrite aujourd’hui la Cathédrale d’images, lieu de spectacles visuels, est une des étapes sur le parcours de l’artiste. En 1959, il y interprète le rôle d’un peintre sur le tournage du ”Testament d’Orphée” de Jean Cocteau.

Arles – 1957

L’attachement de Picasso à Arles est fort, la ville effervescente lui rappelle son Espagne natale. Il s’y rend avec son ami l’écrivain Paul Eluard. Passionné de corrida, Picasso y fait de nombreuses apparitions et expose pour la première fois au Musée Réattu en 1957. Dotée d’un patrimoine historique remarquable, Arles compte sept monuments et sites classés au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO. Picasso peint les arènes en 1960, et surtout l’Arlésienne, sujet qui le fascine et dont il réalise une série de portraits. De son vivant, il lègue 57 dessins au musée Réattu en 1971 qui témoignent de son attachement à la ville. Deux peintures complètent depuis la collection. A découvrir au musée Réattu, dont l’arlésienne (portrait de Lee Miller).

Aix-en-Provence & Vauvenargues – 1958-1961

Aix-en-Provence possède un charme architectural baroque unique en Provence. Avec ses fontaines et ses terrasses animées, elle est une étape agréable lors d’un séjour en Provence. Ce n’est pas un hasard si Picasso décide de choisir son lieu de résidence principal non loin de la ville de Paul Cézanne. En 1958, il apprend que le château de Vauvenargues est à vendre. En suivant la route qui longe la montagne Sainte-Victoire, Picasso est tout de suite séduit par le site emblématique cher à Cézanne et le château fortifié du XIVe s. Il s’offre à l’âge de 77 ans un ”Cézanne grandeur nature”. La montagne Sainte-Victoire s’encadre dans les fenêtres de la bâtisse où reposent aujourd’hui l’artiste et Jacqueline son épouse.

Saint-Tropez – 1951

Passage obligé des célébrités, Picasso y fait de nombreuses apparitions. En 1951, il passe l’été avec Geneviève Laporte dans l’appartement de l’écrivain Paul Eluard et réalise plusieurs portraits et nus de la jeune femme dont le célèbre dessin l’Odalisque. Le port mythique, célébré par les plus grands artistes du XXème siècle, fait toujours rêver. Saint-Tropez qui bénéficie d’une notoriété internationale pour son ambiance estivale est également appréciée pour sa douceur hivernale. Étape artistique incontournable, le musée de l’Annonciade s’intéresse aux grandes figures de l’art moderne (1890 – 1950). Des peintres comme Signac, Bonnard, Duffy y sont exposés ainsi que Matisse qui t découvrir Saint-Tropez à Picasso.

Mougins – 1961-1973

Picasso décède à Mougins en 1973 dans sa dernière résidence Notre-Dame-de-Vie (propriété privée) qui est aussi son ultime atelier. Il connaît déjà bien le village perché qu’il fréquenta avec la photographe Dora Maar de 1936 à 1939.
Son univers intimiste et son intérêt pour la photo sont à découvrir en images au musée de la photographie. Villers, Doisneau, Clergue ont su saisir de beaux témoignages de l’artiste sur ses lieux de vie et de travail. A visiter donc à Mougins, et pro ter d’une halte gastronomique dans le village réputé pour son savoir-faire en la matière.

Vallauris / Golfe Juan – 1947-1955

C’est à Vallauris où la tradition de potier occupe une place ancestrale que Picasso découvre la céramique. Il produit plus de 4000 œuvres à l’atelier de Fournas dont une partie est exposée au musée d’Antibes.
Il fait don à la ville de la sculpture L’homme au mouton à découvrir sur la place du village et choisit la chapelle romane de Vallauris pour y installer l’importante fresque La Guerre et la Paix.

Cannes – 1955

Autre étape azuréenne pour Picasso qui s’installe en 1955 dans la baie de Cannes. Il fait l’acquisition d’une somptueuse bâtisse 1900 “La Villa Californie” (propriété privée) avec vue imprenable sur la mer. Lieu idéal de séjour et de création, il y installe son atelier et réalise de nombreuses œuvres majeures comme la série consacrée aux Ménines. Lieu de villégiature hivernale de l’aristocratie anglaise au XIXème siècle, Cannes est aujourd’hui la ville du Festival International du Film, des paillettes et des ors, des yachts et des stars.

Antibes / Juan-les-Pins – 1946

Période de bonheur intense pour Picasso qui réalise le poème lyrique La joie de vivre. Il s’installe au Château Grimaldi qui domine la mer pour peindre. Devenu musée Picasso, de nombreuses œuvres de l’artiste consacrées à la Méditerranée y sont présentées. Ville des amateurs d’art et de musique, appréciée pour son célèbre festival de jazz, Antibes est un lieu de villégiature très prisé pour ses plages et son patrimoine historique.

Retour sur une exposition majeure au Mucem

Le Mucem, à Marseille, a consacré en 2016 une grande exposition au maître Picasso et les arts et traditions populaires. L’occasion de découvrir les plus beaux sites de la région et de partir sur les traces d’un artiste hors norme. Dans cette grande rétrospective, le MUCEM donne à voir comment Picasso, installé dans son époque et attaché à ses racines, a nourri son œuvre d’influences issues des arts et traditions populaires.

Il réunit des œuvres essentielles et iconiques de l’artiste dans une double mise en perspective : d’une part avec des découvertes inédites, d’autre part avec des objets-références issus de ses riches collections. Une grande section de l’exposition montre combien ses multiples rencontres avec des artisans d’art ont été décisives, combien elles ont nourri sa propre expérience et ses propres recherches. Des “passeurs” qui lui ont transmis leurs savoir-faire : Paco Durrio (le travail du bois), Suzanne et Georges Ramié et l’atelier Madoura à Vallauris (la céramique), Hidalgo Arnéra également à Vallauris (la linogravure), Robert Picault (le cinéma), Marie Cuttoli (le textile) ou encore Lionel Prejger (la tôle découpée). Chacun, à sa manière, a permis à Picasso de s’approprier méthodes et techniques anciennes pour les inscrire dans le langage artistique de la deuxième partie du XXe siècle. Parallèlement, le parcours illustre les thèmes et motifs récurrents chez Picasso, en particulier la parure, la musique, le cirque, le jouet et la tauromachie.

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